4.12.09

Chaque mois, Magnetic Generator s'invite à l'heure du thé chez les diggers d'ici et d'ailleurs.
Artistes, journalistes, chauffeurs de taxi, ingénieurs du son et autres collectionneurs vous livrent à domicile CINQ bijoux sonores.

Pour la première "CINQ", fallait faire les choses bien et dégoter le parrain idéal... Histoire de rentrer dans le vif du singulier.

C'est donc avec plaisir/joie/honneur, oui tout ça, que Guido Minisky nous accueille.
Un mec en or, à la tête des (bonnes) soirées GOLDRUSH, avec son acolyte Pierre Wax, et responsable de la lettre qu'on veut ne jamais arrêter de recevoir, la poilante et toujours attendue GOLDLETTER.

Dans son salon, Paris Xème, du thé, un chat... Suivons le Guido.




UN



❝ Mathieu, mon p'tit frère (du groupe Los Chicros NDLR), s'est pointé un jour avec ça.
Bobby Darin, c'est un crooner américain très populaire dans les 50's, 60's, à la Frank Sinatra & co. Il avait d'ailleurs fait une reprise de La Mer (Charles Trenet) qui fut un grand tube.
Mais voilà, à la fin des années 60, Bobby a envie d'autre chose. Il est vraiment célèbre et n'a plus vraiment besoin d'argent, il décide alors de s'affranchir de son statut de crooner et tombe le masque. Et là... Il pond "Bobby Darin Born Walden Robert Cassotto". Complètement inattendu. Entièrement écrit, arrangé et produit par lui.

Le morceau qu'on écoute, c'est I Can See The Wind .
C'est ultra touchant, avec son motif entêtant, et y'a même pas de refrain.
J'aime les ballades pop un peu épiques. Ca m'émeut... Bon, c'est vrai c'est quasiment que des accords mineurs, mais c'est tellement bien fait que ça dépasse la tristesse. C'est magique. ❞






DEUX



❝ Ah... Pierre Vassiliu, mon héro! Là, c'est "Vous, tout...", de l'album "Attends" sorti en 72. C'est grâce à Arnaud Fleurent-Didier que je la connais (tu vois qui c'est? Il vient de sortir un album, faut que t'écoutes ça... c'est tellement beau, et intelligent, et puis drôle. J'crois que c'est un des disques essentiels de 2010, vraiment).

J'adore ce morceau. Il est super énigmatique, je sais pas vraiment à qui il s'adresse... La mélodie est sublime, et les choeurs...

Bon... Pierre Vassiliu, à ses débuts, dans les années 60, il écrivait surtout des chansons limite paillardes, pleines de jeux de mots, à la Bobby Lapointe... C'était l'époque du super 45 tours. T'avais quatre morceaux. A partir du troisième, ou quatrième 45 tours, il commence à y ajouter des morceaux plus intimes, dont pas mal sont cosignés par sa femme de l'époque Marie, dont il était fou amoureux.

Puis il rencontre Eddie Barclay, à un moment où il se lasse justement de cette image de chanteur amusant... Barclay lui offre l'occasion de faire la musique qu'il aime. Et c'est en 70 qu'il sort un premier album "Amour Amitié", puis en 72 c'est donc "Attends".
Deux ans plus tard il sort l'album "Je Suis Un Pingouin" sur lequel est le fameux "Qui c'est celui là"...

Ce mec est tellement tout ce que j'aime, un peu comme Kid Creole, des artistes en marge, loin de la frénésie... Des poètes quoi! ❞





TROIS



Harry Nilsson... j'écoutais ça gamin, ça faisait partie des classiques quoi... surtout le morceau de la B.O de Macadam Cowboy, "Everybody's Talking"... J'adorais ça, puis mes oreilles m'ont emmené ailleurs, alors j'ai laissé dormir ça quelque part... Mais depuis quelques temps, je (re)découvre combien ce type a fait de beaux morceaux... Y'a moyen de faire une compil terrassante.

"The Lottery Song" en est un exemple parfait. Tiens... Encore des choeurs et pas de refrain! On est à mort dans les ballades 60's un peu mystérieuses n'empêche... Je suis bien dedans en ce moment.

Ce morceau est tiré de l'album "Son Of Schmilsson", sorti début 70. Un four, contrairement à l'album précédent, "Nilsson Schmilsson" qui l'avait propulsé... Ca a été un énorme succès qui lui a permis d'être plus à l'aise, financièrement, pour faire ce "Son Of Schmilsson". Là, il s'est fait plaisir, et surtout il était bien entouré... avec des mecs comme Nicky Hopkins (le pianiste, à l'origine de la mélodie au piano de "She's A Rainbow") ou Klaus Voorman, un talentueux touche à tout (c'est lui qui avait dessiné la pochette de "Revolver", il était aussi bassiste et a joué avec pas mal de gens... Lou Reed, John Lennon, James Taylor...), mais les vraies stars sur ce disque, c'est Ringo et Georges (des Beatles). Malgré tout ça, peut-être un peu à cause de la mégalomanie, l'album s'est ramassé. Mais tout n'est pas perdu... La preuve par cette petite merveille. ❞





QUATRE



❝ Quelle voix! Superbe, aiguë. J'aime beaucoup ces voix hautes, comme celles de Robert Wyatt ou David Byrne... Ca me touche.
Roy Orbison, un monsieur à la vie tragique. Des galères, des malheurs... Une longue traversée du désert, puis subitement, alors qu'il a une soixantaine d'années, il renoue avec le succès, poussé par ses amis Tom Petty et Jeff Lynne , fondateur de ELO puis producteur de George Harrison et Bod Dylan, avec qui (tous les quatre) ils formèrent un super groupe, The Traveling Wilburys... En tous cas, Roy Orbison est mort avant de connaître le célébrité qu'il méritait.

"It Wasn't Very Long Ago" encore un morceau sans refrain, mais comme Bacharach, il avait le don pour écrire des ponts quasiment meilleurs que plein de morceaux "complets"...
Il s'adresse à sa femme, qu'il a tué dans un accident de moto.
Son chant me donne la chair de poule à chaque fois.

Je conseille vraiment de se pencher sur Orbison, faut digger un peu ses albums, y'a de vraies perles... ❞





CINQ



❝ Bon... pour finir, j'ai choisi l'album "The Genuine Imitation Life Gazette" de The 4 Seasons, avec ce morceau un peu plus bruyant, énergique: "Idaho". Je la trouve géniale. J'adorerais la jouer et que les gens dansent dessus... Mais je sais pas, peut-être qu'il y a trop de cuivres, qu'elle est trop bizarre... En tous cas, elle me donne chaque fois envie de faire des claquettes dans mon salon...Trop super...
Les mots me manquent.
C'est mon frère, encore, qui me l'a offert l'année dernière. The 4 Seasons, pas Frankie Vallie ET les Four Seasons, parce qu'à l'époque on ne les appelait que par leur nom de groupe. L'album est une tentative de réponse au succès du White Album anglais. Bon, certes c'est pas à la hauteur de ce carton là, mais j'adore le concept de ne pas trouver deux morceaux qui se ressemblent. C'était audacieux, et surtout maîtrisé. Vraiment chouette cet album. ❞




Merci Guido.


S.

1.12.09